Revue d'Archéométrie, 21, 1991, p. 81-87.

L'ATELIER DE VERRIER DE LYON,

DU 1er SIÈCLE APRÈS J.-C, ET L'ORIGINE DES VERRES "ROMAINS"

Marie-Dominique NENNA * Michèle VICHY** et Maurice PICON**

L'atelier de verrier de la manutention

En 1 966 un atelier de verrier était découvert fortuitement au cours de travaux exécutés dans la cour de la caserne de La Manutention, sur les quais de Saône à Lyon (Leyge, 1989) (1). Cette découverte ne fut suivie d'aucune fouille, mais une partie du matériel qui se trouvait mêlée à des cendres et à de la suie formant une petite zone d'épandage Ait récupérée. Les céramiques retrouvées dans la couche noirâtre contenant les débris de verre étaient du milieu du 1er siècle de notre ère, et c'est aussi la date qui fut retenue pour la période de fonctionnement de l'atelier.

Le matériel recueilli consistait en fragments de récipients en verre soufflé, et en éclats qui semblaient provenir de masses de verre brut, incolore et coloré, que l'atelier se serait procuré et qu'il aurait transformé en produits finis.

L'atelier de Lyon n'aurait donc été qu'un atelier de transformation du verre, un atelier secondaire, par opposition aux ateliers producteurs de verre que sont les ateliers primaires.

Parmi le matériel recueilli, le verre incolore était le plus représenté. Il constituait près des trois quarts de l'ensemble, le reste étant composé de verres colorés : violet ou pourpre, vert clair, jaune ou ambre, bleu foncé, blanc opaque.

Une première étude en laboratoire de ce matériel fut réalisée entre 1971 et 1973, mais ses résultats ne furent jamais publiés car il avait été impossible à l'époque d'avancer une hypothèse motivée sur le problème majeur que posait cette trouvaille, celui de l'origine du verre qui était transformé dans l'atelier.

Les résultats de la vingtaine d'analyses effectuées alors (par fluorescence X et absorption atomique) sont reportés